Arracher : v.tr. (mot de l’ancien verbe esrachier « arracher », avec changement de préfixe, du latin eradicare : éradiquer).
Le verbe « arracher » a de nombreuses acceptions :
I) Verbe transitif :
1. Enlever de terre (une plante qui y tient par ses racines) (déraciner, déterrer, extirper).
Défricher une terre en arrachant les broussailles, les mauvaises herbes (débroussailler, déchaumer, désherber, essarter, sarcler).
Arracher un arbre.
Arracher les pommes de terre (récolter).
2. Détacher avec un effort plus ou moins grand (une chose qui tient ou adhère à une autre) (détacher, enlever, extirper, extraire, ôter).
Arracher un clou avec des tenailles.
Il s’est fait arracher une dent.
Un obus lui a arraché le bras (emporter).
S’arracher des poils (épiler).
Locution figurée : S’arracher les cheveux : être désespéré.
Arracher par lambeaux (déchirer, lacérer).
– Citation du dramaturge et poète français Jean Racine (1639-1699) : « Arrachons, déchirons tous ces vains ornements ».
Sens figuré : Arracher le masque, le voile (démasquer, dévoiler).
– Citation de l’écrivain français François Mauriac (1885-1970) : « Il est souvent nécessaire d’arracher aux âmes ce masque de fausse humilité ».
3. Sens vieilli ou littéraire : Arracher (quelque chose) de (ou à) : extirper, retirer.
– Citation du dramaturge et poète français Pierre Corneille (1606-1684) : « Arrache-lui du cœur ce dessein de mourir ».
Littérature : Arracher l’âme, la vie à quelqu’un : le tuer.
Sens figuré : Arracher l’âme, le cœur à quelqu’un : lui causer une vive affliction (désespérer, désoler).
4. Enlever de force à une personne ou à une bête, lui faire lâcher (ce qu’elle retient) (prendre, ravir).
Arracher une arme des mains de quelqu’un, un oiseau des griffes d’un chat.
Sens figuré : Arracher quelqu’un à la mort (sauver).
Arracher quelqu’un à la misère, à un danger (soustraire, tirer -de-).
5. Obtenir (quelque chose) de quelqu’un avec peine, après quelque résistance (obtenir ; extorquer).
Arracher de l’argent à un avare, à un riche (soutirer).
Arracher des aveux, un secret, une promesse, un consentement.
– Citation de l’écrivain et philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : « J’avais obtenu, presque arraché l’estime de tout le monde ».
On ne peut pas lui arracher un mot.
Choses : Arracher des plaintes, des larmes à quelqu’un (tirer).
– Citation de l’écrivaine française Colette (1873-1954) : « Chacun de ses appels m’arrachait un gémissement ».
6. Arracher quelqu’un à (quelqu’un) : l’en séparer violemment.
Un enfant que l’on a arraché à sa mère.
7. Arracher quelqu’un de (un lieu)… : faire quitter un lieu à quelqu’un par force, violence, malgré lui (tirer ; chasser).
Arracher quelqu’un de sa place.
Arracher quelqu’un du lit, le forcer à se lever.
Par extension : bannir, chasser, exiler, expulser.
Arracher quelqu’un de sa maison, de son sol natal.
– Citation de l’écrivain, poète et peintre franco-marocain Tahar Ben Jelloun (né en 1947) : « À ces hommes qu’on arrache à leur terre, à leur famille, à leur culture, on ne demande que leur force de travail ».
8. Arracher quelqu’un à un état, une situation, l’en faire sortir malgré les difficultés ou malgré sa résistance.
Arracher quelqu’un au sommeil, à ses rêves.
Arracher quelqu’un à ses habitudes (détacher, détourner -de-).
9. Sens figuré et familier (absolu) : Avoir une très grande puissance.
Cette voiture, elle arrache.
Ça arrache !
Causer une sensation de brûlure (en parlant d’un mets épicé).
Ton curry, il arrache.
D’un alcool trop fort, on dit qu’il arrache.
Les soldats de la guerre 14-18 appelaient arrache-bide l’eau-de-vie très raide.
II) Verbe pronominal : S’arracher.
1. Verbe réciproque (locution figurée) : S’arracher les yeux : se disputer violemment.
2. S’arracher quelque chose : Se disputer quelque chose pour se l’approprier.
On s’arrachait les dernières places.
S’arracher quelqu’un : se disputer sa présence, sa société.
Tout le monde veut le voir, on se l’arrache.
3. Verbe réfléchi : s’arracher de ; s’arracher à : se détacher, se soustraire avec effort, difficulté, peine ou regret.
S’arracher des bras de quelqu’un.
S’arracher à un souvenir.
S’arracher d’un lieu, d’une habitude.
Absolu et familier : Partir, s’en aller.
Viens, on s’arrache.
– Citation de l’écrivaine française Maylis Le Gal de Kerangal dite Maylis de Kerangal (née en 1967) : « N’attendant qu’une chose, que Revol s’arrache, allez casse-toi ».
Accomplir un effort important.
Contraires d’arracher : fixer, implanter, planter, attacher.