Défendre : v.tr. (mot venant du latin defendere).
Le verbe « défendre » a de nombreuses acceptions :
I ) Protéger :
1. Protéger , aider (quelqu’un, quelque chose) contre une attaque en se battant. ➙ secourir, soutenir.
Défendre la patrie en danger. Défendre un allié contre l’envahisseur. « Il n’y a pas plus de frontières idéologiques qu’il n’y a de frontières territoriales à défendre. Il n’y a à défendre que la vie » (Giono). Défendre qqn au péril de sa vie. Défendre chèrement sa vie. Défendre sa peau.
SPÉCIALT Défendre des couleurs, un titre : lutter en compétition pour faire triompher l’équipe à laquelle on appartient, pour conserver son titre. Les champions qui défendent les couleurs de leur pays.
LOC. À son corps défendant (en se défendant soi-même) : à contrecœur, malgré soi. « Je n’ai jamais versé le sang d’un homme qu’à mon corps défendant » (Balzac).
2. Protéger (un lieu) par la force, les armes. ➙ garder, interdire. Une division défend la frontière. ➙ couvrir (I, B, 1°). Défendre une position pied à pied. ➙ tenir.
Pays mal défendu.
3 (1559) Soutenir (qqn, qqch.) contre les accusations, les attaques ; intervenir en faveur de. Tu défends toujours ton fils. L’avocat a bien défendu son client. ➙ plaider (pour). Défendre un projet de loi devant l’Assemblée. « J’ai toujours défendu la société du côté où il y avait péril » (Hugo). Défendre ses droits, ses intérêts (cf. Faire valoir*). FAM. Défendre son bifteck*.
FIG. Défendre sa réputation. Ils défendront leur opinion, leur parti (➙ militer ; cf. Prendre fait et cause*, prendre parti*). Défendre son point de vue, ses idées. Défendre ses privilèges, des avantages sociaux.
4. (CHOSES) Défendre de : garantir, préserver, protéger contre. Un vêtement qui défend du froid.
II ENJOINDRE À (QQN) DE NE PAS FAIRE (QQCH.) (fin XIe) ➙ interdire, prohiber, proscrire. Son père lui défend de sortir. Il défend qu’on fasse du bruit en sa présence. Défendre le sel à un malade. La loi, la religion défend le meurtre. ➙ condamner.
Il est strictement défendu de fumer ; c’est défendu. ➙ 1. défense (de). L’alcool lui est défendu. « Tout ce qui n’est pas défendu par la loi […] est du domaine de la liberté civile » (Sieyès). Adj. Le fruit défendu.
III) Verbe pronominal : se défendre.
1.) Résister à une attaque. ➙ se battre, lutter, résister. Se défendre les armes à la main. Il s’est défendu comme un lion. Se défendre pied à pied : disputer le terrain. Se défendre en attaquant. ➙ riposter. « Quand on est en péril de mort toutes les armes sont bonnes pour se défendre » (Claudel).
FIG. et FAM. Être apte à faire qqch. (cf. Être à la hauteur). Il se défend bien en affaires. « Oh ! moi je me défends » (Genet). ➙ se débrouiller, se démerder. Se défendre face à la concurrence.
2 Se justifier. Se défendre contre une accusation. ➙ réfuter, répondre.
LITTÉR. Refuser d’admettre. ➙ nier. Il se défend d’être raciste. Je ne m’en défends pas.
3 (1843) (CHOSES) Se justifier, résister à la critique. « Un seul mot d’ordre : l’ordre. Cela peut se défendre » (Mauriac). ➙ défendable. FAM. Ça se défend : c’est cohérent, justifiable (cf. Tenir la route* ; tenir debout*).
4 (fin XIIe) (PERSONNES) se défendre de…, contre… : se protéger, s’abriter. ➙ s’armer, se garantir, se prémunir, se préserver, se protéger. Se défendre du froid, de la pluie. Se défendre contre des microbes, une infection.
Se défendre de… (et inf.). ➙ s’empêcher, s’interdire, se retenir. Il ne put se défendre de sourire. Il se défend de juger. ➙ se garder. « L’homme qui assiste son semblable se défend mal de devenir son ami » (Colette).
Contraire de défendre : attaquer, accuser, autoriser, ordonner, permettre.