Gagner : verbe (mot venant du francique waiđanjan). À l’origine, ce verbe germanique signifiait probablement « faire paître (le bétail) », donc « mettre un champ en pâture », puis l’année suivante, le cultiver, d’où « tirer un profit ».
Le verbe « gagner » a de très nombreuses acceptions :
I) S’assurer (un profit matériel) :
1. Par un travail, par une activité :
Gagner de l’argent (gain).
Gagner tant par mois, de l’heure (toucher).
Il a gagné tant sur la vente (encaisser).
Gagner son pain à la sueur de son front.
Gagner de quoi vivre.
Gagner sa vie, (familier : sa croûte, son bifteck) (travailler).
Il gagne très bien sa vie.
Gagner des mille et des cents.
Populaire : Il gagne bien.
Tenez, voilà cent euros, vous les avez bien gagnés, mérités.
Manque à gagner.
Par antiphrase : J’ai gagné ma journée, se dit quand on perd le bénéfice de sa journée, de ses efforts par une action, un fait malheureux.
Gagne-pain : Ce qui permet à quelqu’un de gagner sa vie.
Gagne-petit : Personne dont le métier rapporte peu.
2. Par le jeu, par un hasard favorable : empocher, encaisser, rafler, ramasser.
Gagner le gros lot.
Gagner le tiercé (toucher).
Gagner au loto.
Se retirer du jeu après avoir gagné, sans accorder de revanche à l’adversaire (on dit : faire charlemagne).
Gagner sur tous les tableaux.
À tous les coups l’on gagne !
Par extension : Le numéro tant gagne un lot de trois mille euros.
La carte qui gagne, qui fait la levée (gagnant).
1. Acquérir, obtenir (un avantage).
Il y a gagné une certaine notoriété, beaucoup d’assurance.
Gagner ses galons (acquérir, conquérir, moissonner, recueillir).
Vous avez bien gagné vos vacances (mériter).
– Citation de l’écrivain français Cément Lépidis, nom de plume de Kléanthis Tsélébidis (1920-1997) : « Avec Jules, on économisera le prix du train. Ce sera toujours ça de gagné ».
Participe passé adjectival : Repos bien gagné.
Gagner deux kilos, dix centimètres (prendre).
Gagner du temps : obtenir l’avantage de disposer d’un temps plus long, en différant une échéance (différer, retarder, temporiser).
Faire une économie de temps.
Prenez ce raccourci, vous gagnerez un bon quart d’heure (économiser).
Gagner de la place.
Avec un complément indéterminé : Ne vous embarquez pas dans cette affaire, vous n’y gagnerez rien, rien de bon (retirer, tirer).
Avoir tout à gagner et rien à perdre.
Sans complément : Gagner au change (bénéficier).
Gagner en, sous le rapport de.
– Citation de l’écrivain français Honoré de Balzac (1799-1850) : « La passion y gagne en profondeur ce qu’elle paraît perdre en vivacité ».
Sans complément : Son style a gagné en force, en précision (s‘améliorer, progresser).
Gagner sur quelque chose, en obtenir davantage.
En jouant sur l’épaisseur, on peut gagner sur la quantité.
Verbe intransitif : gagner à (et l’infinitif) : retirer un avantage, avoir une meilleure position.
C’est quelqu’un qui gagne à être connu.
Ce vin gagnerait à vieillir.
Achetez le lot, vous y gagnerez.
Gagner de (et infinitif) : obtenir l’avantage de, arriver à ce résultat que.
Vous y gagnerez d’être enfin tranquille.
2. Ironique : attraper, contracter, prendre.
Je n’y ai gagné que des ennuis (récolter, retirer).
3. Obtenir (les dispositions favorables d’autrui) (s’attirer, capter, conquérir).
Gagner la faveur, l’amitié, l’estime de quelqu’un (plaire).
– Citation de l’écrivain français François-René de Chateaubriand (1768-1848) : « Je ne sais quoi qui gagne le cœur » (séduire, subjuguer).
Littérature : Se rendre favorable (quelqu’un) (amadouer, s’attacher, se concilier, séduire).
Se laisser gagner par les prières de quelqu’un (convaincre, persuader).
Gagner de nouveaux fidèles, partisans (convertir, rallier).
III) Dans une compétition, une rivalité :
1. Obtenir, remporter (l’enjeu).
Gagner le prix.
Gagner la coupe (enlever).
2 . Être vainqueur dans (la compétition).
Gagner une bataille, la guerre.
Gagner les élections.
Gagner un combat.
Gagner un procès.
Gagner un pari, la partie.
Participe passé adjectival : Avoir cause gagnée.
Familier : C’est pas gagné !
Sans complément : Gagner haut la main.
Vous avez gagné, félicitations ! (réussir).
Jouer à qui perd gagne.
Gagner une épreuve, une course.
Gagner un grand prix de Formule 1.
Sans complément : emporter ; l’emporter.
Boxeur qui gagne aux points, par K.-O.
On a gagné !
On ne change pas une équipe qui gagne.
Volonté de gagner (familier : gagne, niaque).
3. L’emporter sur (l’adversaire) (battre, vaincre ; familier : avoir, gratter.)
– Citation de l’écrivain et encyclopédiste français Denis Diderot (1713-1784) : « Jean-Jacques Rousseau, qui me gagnait toujours aux échecs ».
Gagner quelqu’un de vitesse, arriver avant lui en allant plus vite (dépasser, devancer).
Sens figuré : Gagner de vitesse un rival (Prendre de vitesse).
4. Gagner du terrain sur quelqu’un, s’en rapprocher (si on le poursuit), s’en éloigner (si on est poursuivi).
L’ennemi a gagné du terrain (avancer, progresser).
Sens figuré : L’incendie gagne du terrain (s’étendre).
Idées qui gagnent du terrain .
5. Verbe intransitif : S’étendre au détriment de quelque chose.
L’incendie gagne (se propager).
IV) Atteindre (une position, un individu).
1. Atteindre en se déplaçant.
Le navire a gagné le large, le port (aborder, toucher).
Veuillez gagner la sortie.
2. Atteindre en s’étendant (progresser, se propager, se répandre).
L’inondation gagne les bas quartiers.
La grève gagne tous les secteurs (atteindre, toucher).
– Citation du romancier et cinéaste français Alain Robbe-Grillet (1922-2008) : « Le froid, l’insensibilité, la paralysie, commencent à gagner mes membres ».
Sens figuré : En parlant d’une contagion d’ordre moral (se communiquer).
Son pessimisme nous gagne.
Être gagné par le doute.
3. Agir sur (quelqu’un) par une impression.
Le froid, le sommeil, la faim, la fatigue commençaient à le gagner (s’emparer -de-, envahir).
– Citation de l’écrivain français Michel Tournier (1924-2016) : « Idriss percevait l’angoisse et l’impatience qui gagnaient son compagnon ».
Contraires de gagner : perdre, échouer, reculer ; abandonner, éloigner (s’), quitter.