Quitte : adj (mot venant du latin médiéval quitus, classique quietus « tranquille »).
L’adjectif « quitte » a plusieurs acceptions :
1. (Surtout avec le verbe être) Libéré d’une obligation juridique, d’une dette.
Être quitte envers quelqu’un.
Nous sommes quittes.
Droit : Exonérer.
Quitte de tous droits et taxes.
2. (Surtout avec tenir, considérer, estimer, etc.) Libéré d’une obligation morale (par l’accomplissement de ce qu’on doit). S’estimer quitte envers quelqu’un, envers la patrie, envers la justice.
Tenir quitte (quelqu’un) de (quelque chose) : considérer que la chose suffit, que la personne en a fait assez.
– Citation de l’écrivain et officier de carrière français Pierre Choderlos de Laclos (1741-1803) : « Je ne prétends pas l’en tenir quitte à si bon marché ».
3. Être quitte (sens vieilli avec un nom), débarrassé (d’une situation désagréable, d’obligations pénibles).
Être quitte d’une corvée.
« J’ai évité les fatigues de la vie sédentaire, un métier, une maison à conduire […] Voilà ce dont je suis quitte » (Gobineau).
Sens moderne (avec en) Locution : En être quitte pour… : sortir d’une situation difficile ou dangereuse avec pour seul inconvénient…
« Le vicaire en fut quitte pour la peur » (Diderot).
« Il en a été quitte pour un avertissement » (Camus).
Quitte à (et l’infinitif, proprement qui s’en tirera sans autre inconvénient que de…, et par extension : qui court, accepte le risque de.
« Rester jusqu’au bout avec les amis, quittes à crever tous ensemble » (Zola).
Invariable (en locution adverbiale) : Au risque de, en se réservant, en admettant la possibilité de.
« Tout le monde rit de quelqu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard » (Proust) (sauf -à-.
4. Locution : quitte ou double.
Jouer (à) quitte ou double, une nouvelle partie dont le résultat sera d’annuler ou de doubler les gains et les pertes.
Sens figuré : Jouer le tout pour le tout, risquer un grand coup.
Nom masculin : Un quitte ou double : un jeu où le concurrent peut, en acceptant de se soumettre à l’épreuve de la question suivante, perdre ou doubler le gain déjà acquis.