Répondre : v.tr. dir et indir. (mot venant du latin populaire respondere qui, au sens premier, signifiait « répondre à un engagement », famille de spondere « promettre », entrant dans les formules de mariage : époux ; sponsor).
Le verbe « répondre » a de nombreuses acceptions :
I) Idée de communication :
A. Sans complément d’objet direct :
1. Répondre à quelqu’un : faire connaître en retour sa pensée, son sentiment (à la personne qui s’adresse à vous).
Par le langage : Répondre oralement à un interlocuteur, à un journaliste, à un examinateur.
Il ne répondait que par monosyllabes, par oui ou par non.
Répondre sèchement, durement.
Je vous répondrai par écrit.
Répondre à quelqu’un par retour du courrier.
Par d’autres moyens d’expression, gestes, mimiques, etc.).
Répondre d’un signe de la tête, par un sourire.
– Citation de l’écrivain français Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889) : « Elle ne me répondit jamais que par de longues étreintes ».
Se défendre verbalement, s’opposer en retour (répliquer, riposter).
Je saurai lui répondre.
Raisonner, se justifier lorsque le respect commande le silence (récriminer).
Enfant qui répond à son père.
2. Répondre à quelque chose : faire une réponse verbale (à telle ou telle chose).
Répondre à une question, à un interrogatoire.
Répondre à un compliment.
Répondre à une lettre.
Opposer une réponse, une défense (région : rencontrer).
Répondre à des critiques.
Répondre à des objections (réfuter).
Sujet Chose : Se faire entendre tout de suite après (en parlant d’un bruit, d’un son semblable à un autre qui le précède).
– Citation de l’écrivain français Anatole France (1844-1824) : « Leurs lamentations répondaient […] aux miaulements des hyènes ».
La flûte répond au violon.
Verbe pronominal : – Citation de la romancière, épistolière et philosophe genevoise Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de Staël-Holstein, connue sous le nom de Madame de Staël (1766-1817) : « Des rimes qui se répondent comme des échos intelligents ».
Personne, animaux : Se manifester à l’appel de (quelqu’un) ; réagir (à un appel, un stimulus).
Nous avons sonné, personne ne nous a répondu.
Répondre au téléphone.
– Citation du poète, écrivain et mathématicien français Jacques Roubaud (né 1932) : « Je rebranche le téléphone au cas où il sonnerait et où je voudrais répondre, mais je réponds rarement ».
Personne ne répond, ça ne répond pas.
Répondre à une convocation, y aller.
Locution : Répondre au nom de, se dit d’un chien qui connaît son nom.
Sens figuré et par plaisanterie : Avoir pour nom.
– Citation de l’écrivain français Gustave Flaubert (1821-1880) : « Le drôle qui répond au nom de Maxime Du Camp ».
Sens figuré : Répondre à l’appel de quelqu’un, faire ce qu’il attend de vous.
B. Avec objet direct et indirect : Répondre quelque chose à quelqu’un ou à quelque chose.
1. Dire ou écrire (sa pensée, son opinion à la personne qui la sollicite ou s’adresse à vous), dire en réponse (à quelque chose).
– Citation du poète et écrivain français Alfred de Musset (1810-1857) : « Que répondrez-vous à cette enfant, Perdican ? ».
Ne rien trouver à répondre (Rester coi, sec).
Il n’y a rien à répondre à cela (objecter).
Familier : Bien répondu.
– Citation du romancier et ingénieur polytechnicien français Édouard Estaunié (1862-1942). Il fait partie de l’Académie française à partir de novembre 1923 : « De grâce, répondez oui ou non à ma demande ».
Discours direct : Il lui répondit : « C’est votre faute. »
Le soldat ou l’élève répond présent à l’appel.
En incise : Citation du poète et fabuliste français Jean de la Fontaine (1621-1695) : « Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté Ne se mette pas en colère ».
Répondre de (et l’infinitif) : Il m’a répondu de rester où j’étais.
Répondre que (et l’indicatif) : dire, répartir, répliquer, rétorquer.
– Citation de l’écrivain Alphonse Daudet (1840-1897) : « Il répondit que sa bienveillance m’était acquise ».
Impersonnel : Citation de l’écrivain français Georges Duhamel (1884-1966) : « Il me fut répondu que mon cas serait examiné ».
2. Répondre oui ou merde (expression vulgaire) : Alternative agressive et brutale imposée à quelqu’un pour le sommer de répondre ou de se décider.
Bon ! Tu réponds, oui ou merde ?!
– Citation de l’auteure Christina Horvath : « Jason, du bout de la table, apostrophe les opposants en leur demandant si oui ou merde ils regardent la télé » dans Le roman urbain contemporain en France (2007).
3. Seulement dans quelques emplois : Donner une réponse à (quelque chose).
Droit : Répondre une requête, se dit du juge qui délivre une ordonnance au bas d’une requête.
Religion : Répondre la messe, se dit du servant qui prononce tout haut les réponses aux paroles du célébrant.
II) Idée de comportement :
A. Répondre à…
1. Être en accord avec, conforme à (une chose).
– Citation de l’ écrivain, philosophe, poète et dramaturge français, membre de l’Académie française, Jules Romains (1885-1972) : « Sa voix répondait exactement à sa physionomie » (correspondre).
Politique qui ne répond pas à la volonté, aux besoins du pays (concorder -avec-).
Répondre à une attente, se dit d’une personne, d’une chose qui est conforme à ce qu’on voulait qu’elle fût, à ce qu’on attendait d’elle.
– Citation du dramaturge et poète français Jean Racine (1639-1699) : « J’avoue que le succès ne répondit pas d’abord à mes espérances ».
Répondre à une description, à un signalement.
– Citation du romancier, biographe, conteur et essayiste français André Maurois (1885-1967) : « Ces crises de fraternité répondent à un besoin aussi violent que la faim, la soif et l’amour » (satisfaire).
Verbe pronominal : Citation du poète français Charles Baudelaire (1821-1867) : « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ».
2. Dans les relations d’échange ou d’opposition : Se dit de la personne dont le comportement se règle sur le comportement de l’autre et lui succède. Répondre à la force par la force (opposer).
Ne pas répondre à la provocation.
Répondre par une gifle à une injure.
Sans complément de manière : Payer de retour, par un comportement semblable, ou une attitude marquant la compréhension, l’accord.
Répondre à un salut (rendre).
– Citation de l’écrivain et philosophe genevois Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) : « Une répugnance naturelle m’empêcha longtemps de répondre à ses avances ».
Répondre à l’affection de ses parents.
3. Choses : Produire les effets attendus (réagir).
L’organisme répond aux excitations du milieu extérieur (obéir).
Des freins qui répondent bien.
4. « Être contigu » ; « aboutir à » : Correspondre symétriquement.
Courbe qui répond à une autre.
Verbe pronominal : Les deux ailes du bâtiment se répondent.
B. Répondre de…
1. S’engager en faveur de (quelqu’un) envers un tiers.
– Citation du dramaturge et comédien français Molière (1622-1673) : « Je réponds de ma femme, et prends sur moi l’affaire ».
Je réponds de lui auprès de ses créanciers.
Répondre de soi : S’engager pour l’avenir auprès des autres ou de soi-même.
Se porter garant.
Répondre de l’innocence de quelqu’un (garantir).
– Citation du militaire et homme d’État français, président de la République du 24 mai 1873 au 30 janvier 1879 Patrice de Mac Mahon, comte de Mac Mahon, 1ᵉʳ duc de Magenta, maréchal de France (1808-1893) : « Je ne pourrais répondre ni de l’ordre dans la rue ni de la discipline dans l’armée ».
– Citation de l’écrivain, diplomate et homme politique français Arthur de Gobineau, dit le comte de Gobineau (1816-1882) : « Si vous voulez suivre ses conseils, il répond de votre avenir ».
Répondre de la vie d’un malade, et par extension d’un malade, se dit du médecin qui affirme que le malade est hors de danger.
Avec l’infinitif (sens vieilli) : Citation du dramaturge et comédien français Molière (1622-1673) : « Je vous réponds de renverser tout cet obstacle ».
Choses : Constituer une garantie.
– Citation de l’écrivain français François-René de Chateaubriand (1768-1848) : « Un sceau [les hiéroglyphes] mis sur les lèvres du désert et qui répondait de leur éternelle discrétion ».
2. Sens affaibli : S’engager en affirmant (assurer, garantir).
Je ne réponds de rien : je ne vous garantis rien.
Locution : Ne plus répondre de rien : s’avouer incapable de maîtriser la suite des évènements.
Je vous en réponds (renforce une affirmation) (affirmer).
3. Être garanti par un engagement volontaire ou responsable devant la loi, la société, la morale.
Répondre de soi seul.
Répondre pour… Être responsable de.
– Citation de l’écrivain français Jules Michelet (1798-1874) : « La justice veut que chacun réponde pour ses œuvres ».
Contraires de répondre : demander, interroger, questionner.