Reprocher : v.tr. (mot venant du latin populaire °repropriare « rapprocher, mettre devant les yeux », et par extension « remontrer, représenter »).
Le verbe « reprocher » a plusieurs acceptions :
1. Représenter (à quelqu’un), en le blâmant (une chose condamnable ou fâcheuse dont on le tient pour responsable) (Faire grief, faire honte de).
Il lui reproche son retard.
– Citation de l’écrivain et philosophe français Jean-Paul Sartre (1905-1980) : « Pendant quatre ans, les combattants de “14” reprochèrent à ceux de 40 d’avoir perdu la guerre ».
Rare : Citation du dramaturge et poète français Jean Racine (1639-1699) : « Il me voulut reprocher que j’avais mangé tout son bien ».
« Je ne vous reproche rien », se dit pour atténuer une observation qui pourrait être interprétée comme un reproche.
Se reprocher quelque chose : s’imputer à faute, se considérer comme responsable de quelque chose.
N’avoir rien à se reprocher.
– Citation du romancier français Henri Bosco (1888-1976) : « Quelquefois, je me reprochais de manquer de courage ».
« Tous individus qui ne s’aiment guère, se reprochent mutuellement leurs vilenies » (Léautaud).
(Complément chose) : Critiquer, trouver à redire à (quelque chose).
Je reproche à cette maison d’être trop près de la route.
« Ce que je reproche au naturalisme […] c’est l’immondice de ses idées » (Huysmans).
2. (Spécialisation du premier sens attesté ; sens vieilli) : Reprocher un service à quelqu’un, le lui rappeler en l’accusant d’ingratitude.
3. Droit : Demander que l’on écarte (un témoin) en invoquant une cause précise (récuser).
Reprocher un témoin pour cause de parenté.
4. Verbe transitif indirect :
En régions françaises (Bretagne, Velay, Sud-Ouest, Provence) : Reprocher à quelqu’un, lui donner des aigreurs d’estomac, des renvois.
– Citation de l’écrivain français Didier van Cauwelaert (né en 1960) : « Le gigot, je n’ai pu avaler qu’une bouchée, et déjà ça me reproche ».
Contraires de reprocher : excuser ; complimenter, féliciter.