Saint : n. et adj. (mot venant du latin sanctus « sacré » puis « saint »).
Le mot « saint » a de nombreuses acceptions :
I) Nom : un saint une sainte
1. Dans la religion catholique, Personne qui est après sa mort l’objet, de la part de l’Église, d’un culte public et universel (dit culte de dulie), en raison du très haut degré de perfection chrétienne qu’elle a atteint durant sa vie. « De tous les grands malades, ce sont les saints qui savent le mieux tirer parti de leurs maux » (Cioran).
Mettre au nombre des saints (➙ canoniser).
Les saints, intercesseurs et patrons. « Là-bas l’usage populaire veut qu’on mette les enfants sous la protection du saint dont c’est la fête le jour de leur naissance » (J. Anglade). Le chœur des saints dans le ciel. ➙ élu ; glorieux. Les vénérables, les bienheureux et les saints.
Récit de la vie d’un saint. ➙ hagiographie, légende (dorée). Catalogue des saints. Tous les saints du calendrier, du paradis.
Commémoraison, fête, jour natal d’un saint. Fête de tous les saints. ➙ toussaint.
Châsse, reliques d’un saint. « Nous sommes perdus ; nous avons brûlé une sainte ! » (Michelet).
LOC. Les saints de glace : période qui correspond aux fêtes de saint Mamert, de saint Pancrace et de saint Servais (11, 12 et 13 mai) pendant laquelle on observe souvent un abaissement de la température. « il ne faut pas trop se presser dans les jardins ici à cause des “saints de glace” » (A.-L. Grobéty).
Prêcher* pour son saint.
Ne (plus) savoir à quel saint se vouer : ne plus savoir comment se tirer d’affaire.
Ce n’est pas un saint : il n’est pas parfait.
FAM. un petit saint : un personnage vertueux et inoffensif. Ce n’est pas un petit saint : il n’est pas naïf, innocent, honnête (cf. Enfant* de chœur). « On n’est pourtant pas des modèles de vertu, des petits saints » (Sarraute). « Je n’ai d’ailleurs jamais essayé de me faire passer pour un petit saint » (Simenon).
PROV. Comme on connaît ses saints on les honore : on agit envers chacun selon le caractère qu’on lui connaît, selon les mérites qu’on lui attribue.
Il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints : il vaut mieux s’adresser au chef, au supérieur plutôt qu’aux subordonnés.
(Dans d’autres religions ou sectes) Les marabouts, saints de l’islam. Les saints du bouddhisme, de l’hindouisme.
2 . Image, statue religieuse qui représente un saint. L’auréole des saints. « ces saints peints en bleu sur l’église de Rostrenen » (A. Robin).
3 (milieu XVe) Personne d’une vertu, d’une bonté, d’une patience exemplaires. Cette femme, mais c’est une sainte ! « Entre la sainte et la salope, il demeure un hiatus infranchissable » (É. Badinter). Un saint laïque : expression appliquée par Pasteur à Littré.
4 N. m. ARCHÉOL. Le Saint : espace qui s’étendait devant la partie la plus sacrée du Temple.
▫ (fin XIIIe) Le Saint des Saints : l’enceinte du Temple la plus sacrée, celle dans laquelle l’Arche d’Alliance était déposée. ➙ sanctuaire.
▫ FIG. (1853, Goncourt) La partie la plus secrète et la plus importante (qui doit demeurer interdite et cachée au profane). Accéder au Saint des Saints.
II) Adjectif :
A (PERSONNES)
1 (fin Xe) (S’emploie devant le nom d’un saint, d’une sainte de la religion chrétienne ; cf. ci-dessus, I)
rem. Dans ce sens, saint s’écrit avec une minuscule et sans trait d’union, et on fait la liaison : saint Antoine [sɛ̃tɑ̃twan] ; les saints Innocents [sɛ̃zinɔsɑ̃].
L’Évangile selon saint Jean. Coiffer* sainte Catherine (➙ catherinette). Les saints Apôtres. Votre saint patron*. La sainte Famille : Jésus, Joseph et Marie.
Les saintes femmes : les femmes qui accompagnaient le Christ et suivaient son enseignement.
(Avec une majuscule) La Sainte Vierge.
(Par ellipse du mot fête, avec une majuscule et un trait d’union) (1822) La Saint-Charlemagne : fête célébrée par les collèges et les lycées, en l’honneur de Charlemagne, fondateur des écoles. Les feux* de la Saint-Jean. L’été* de la Saint-Martin. LOC. PROV. Quand il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard. (1854) La Saint-Nicolas, fête à l’occasion de laquelle on offre des jouets et des friandises aux enfants.
La Saint-Sylvestre : le 31 décembre.
Demain, c’est la Sainte-Chantal, la fête de sainte Chantal.
FAM. VIEILLI La sainte-paye, la sainte-touche : le jour de la paye. À la saint-glinglin. ➙ saint-glinglin.
(Dans la désignation d’une église, d’un lieu, ou dans une expression où le mot n’a plus qu’un rapport indirect avec un saint ; avec une majuscule et un trait d’union) L’église Saint-Eustache. ELLIPT Aller à la messe à Saint-Séverin.
La ville de Saint-Étienne. L’île de Sainte-Hélène. Le Mont-Saint-Michel. Faubourg Saint-Germain.
Coquille Saint-Jacques.
2 (fin Xe) Qui est souverainement pur et parfait, en parlant de Dieu. La Sainte-Trinité*, le Saint-Esprit* ou l’Esprit* saint.
3 (fin XIe) Qui mène une vie irréprochable, en tous points conforme aux lois de la morale et de la religion. « C’est un saint homme, qui pourrait devenir un Saint, s’il le voulait » (Bosco).
Une âme sainte.
B (CHOSES)
1 (fin XIe) Qui a un caractère sacré, religieux ; qui appartient à la religion (judéo-chrétienne), à l’Église. ➙ consacré, 1. sacré. Rendre saint. ➙ sanctifier. Le saint nom, la sainte volonté de Dieu. La sainte messe. Le Saint-Sacrement. La sainte table*. La sainte communion. La sainte Croix. Images saintes. Les Saintes Écritures*. La sainte Bible, l’histoire sainte. La sainte Église catholique, apostolique et romaine. Pèlerinage aux Lieux* saints. Terre* Sainte. (début XIIIe) Guerre sainte, de religion (➙ djihad). Jeudi, Vendredi, Samedi saint. ➙ semaine (sainte). Année sainte, pour laquelle le pape proclame un jubilé.
(Autres religions) Médine, La Mecque et Jérusalem, les villes saintes de l’islam.
HIST. Le Saint Empire romain germanique.
La sainte Russie.
La Sainte-Alliance : alliance signée en 1815 par le tsar, l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse pour maintenir l’équilibre européen à leur profit.
LOC. FAM. Toute la sainte journée : pendant toute la journée, sans arrêt. « Il se demande ce qu’elle peut bien foutre de toute la sainte journée » (Queneau).
2 Qui est inspiré par la piété, qui est conforme aux préceptes de la morale religieuse. Une vie sainte. Œuvre sainte.
Une sainte colère : colère éminemment morale (comme celle de Jésus chassant les marchands du temple). Être saisi d’une sainte indignation. ➙ vertueux. « J’éprouve réellement une sainte horreur pour ce genre d’expression » (Djian).
3. Qui doit inspirer de la vénération. ➙ 1. auguste, 1. sacré, sacro-saint, vénérable. « Les œuvres où l’on bafoue les choses les plus saintes, la famille, la propriété, le mariage » (Flaubert).