Gêner : v.tr. (mot venant de gêne).
Le verbe « gêner » a plusieurs acceptions :
I) Verbe transitif :
1. Sens vieilli : Torturer, supplicier.
Par extension : Faire souffrir (tourmenter).
– Citation du dramaturge et poète français Jean Racine (1639-1699) : « Et le puis-je, Madame ? Ah ! que vous me gênez ! ».
2. Sens moderne : Mettre (un être vivant) à l’étroit ou mal à l’aise, en causant une gêne physique.
Ces souliers me gênent (serrer).
Cette veste me gêne aux emmanchures.
Participe passé adjectival : Être gêné dans des vêtements trop raides (engoncé).
Être gêné aux entournures.
Est-ce que le soleil, la fumée vous gêne ? (déranger, incommoder, indisposer).
– Citation de l’écrivain, poète, scénariste, dialoguiste, auteur de théâtre et acteur français Daniel Boulanger (1922-2014) :
« Le cigare vous gêne-t-il, madame ? demanda le voisin ».
Cela vous gênerait-il de vous pousser un peu ?
Entraver, freiner, empêcher le mouvement, l’action de.
Donnez-moi ce paquet qui vous gêne (embarrasser, encombrer).
Par extension : Le terrain difficile gêne le mouvement des troupes (entraver).
Travaux qui gênent la circulation.
3. Mettre dans une situation embarrassante, difficile, où s’exerce une contrainte (embarrasser, empêcher).
Il me gêne dans mes projets (contrarier, perturber).
J’ai été gêné par le manque de temps, de place (contraindre).
Infliger à qqn l’importunité d’une présence, d’une démarche (déplaire, déranger, importuner ; région : encoubler).
Je ne voudrais pas vous gêner.
Absolu : Il a toujours peur de gêner.
Spécialement : Mettre dans une situation financière embarrassante.
– Citation de l’écrivain français Edmond Goncourt (1822-1896) : « Je me figurais que ça ne te gênait pas de me prêter une pièce de vingt francs ».
Participe passé adjectival : Je me trouve un peu gêné, en ce moment (serré, à court).
4. Mettre mal à l’aise (intimider, troubler).
Votre question me gêne. Ça me gêne qu’il me rende un tel service.
Participe passé adjectival : Sourire gêné.
– Citation de l’écrivain français Georges Courteline (1858-1929) : « La contenance gênée de l’homme tombé mal à propos » (contraint, emprunté, gauche).
Avoir l’air gêné.
Se sentir gêné.
J’étais terriblement gêné.
– Citation de l’écrivain français Marcel Proust (1871-1922) : « Il était d’autant plus gêné […] d’avoir paru gêné ».
Au Canada : Timide.
II) Verbe pronominal : Se gêner
1. S’imposer quelque contrainte physique ou morale.
Tu n’as pas à te gêner devant moi.
C’est quelqu’un avec qui l’on ne se gêne pas (se contraindre).
– Citation de l’écrivain français Louis Calaferte (1928-1994) : « Il nous engueulait de plus belle, ne se gênait plus avec nous ».
Elle ne s’est pas gênée pour lui dire ce qu’elle pensait.
On ne lui dit rien, il aurait tort de se gêner !
Sens ironique : Ne vous gênez pas ! se dit à quelqu’un d’indiscret, d’inconvenant, qui en prend un peu trop à son aise (sans-gêne).
– Citation du poète et romancier français Louis Aragon (1897-1882) : « C’est ça, insulte-moi […] Ne te gêne pas ! ».
Familier : Je vais me gêner ! je ne vais pas hésiter à le faire.
– Citation de la journaliste et écrivaine française Marie Desplechin (née en 1959) : « Tu ne vas pas prendre le métro dans cette tenue ? C’est ça, je vais me gêner, a dit Edwige ».
2. En Suisse : Être intimidé, avoir honte.
Il se gêne lorsqu’il doit parler en public.
Contraire de gêner : soulager, aider, dégager, libérer, servir, mettre à l’aise.